Me vois-tu, m'en-temps-tu ?

Me vois-tu, m’en-temps-tu ?

#Entretien , #Florence Lorrain , #Arche en France

« Pour moi, je ne vois rien à comparer avec l’excellente beauté d’une âme et son immense capacité. » ­­­­­(Thérèse d’Avila)

Les auteurs spirituels carmélitains paraissent avoir reçu la mission de nous rappeler une des paroles les plus profondes de l’Évangile : « Voici que le royaume de Dieu est au-dedans de vous. ». Leur doctrine est un appel incessant à la vie intérieure. L’Arche a voulu savoir comment se vivait, aujourd'hui, au sein des jeunes équipes qui vivent dans les foyers, la vie spirituelle.  

Entretien avec Florence Lorrain, ministre pastorale nationale de L’Arche en France.

L’été dernier, nous avons lancé un défi aux équipes de volontaires dans les communautés : il s’agissait de réaliser une petite vidéo en allant à la rencontre des membres de la communauté pour qu’ils s’expriment sur la vie spirituelle telle qu’elle se manifeste et se déploie dans L’Arche. Ainsi est née une petite série de films intitulée « Et si on parlait de vie spirituelle… ». 


Il n’y avait que très peu de consignes, mais il nous a semblé important de privilégier la conversation comme moyen d’approche. Dans nos communautés, les appartenances religieuses peuvent être multiples, les chemins dans la foi très différents. La conversation permet à une pluralité de voix de s’exprimer ; la conversation implique de l’écoute, et une écoute réelle conduit le plus souvent à l’approfondissement et l’enrichissement mutuels. Nous n’étions pas étonnés de découvrir de nombreuses ‘petites perles’ dans les films. J’en retiens une : « À L’Arche, je me suis converti à la relation. ».


Mais à vrai dire, beaucoup de choses se disent aussi en dehors des mots. Un regard attentionné, un sourire complice, une posture plus ou moins ouverte. Que de choses qui s’expriment quand on est simplement et pleinement présent à l’autre… 


Dans les communautés de L'Arche, la présence est une manière d’être, une qualité dans la relation qui n’est pas forcément associée à tel ou tel « temps » spirituel. C’est plutôt cette qualité de présence, même au cœur d’un temps tout à fait
« quotidien »
(comme faire la vaisselle), qui fait que nous dépassons le superficiel pour vivre en plénitude. 


Cependant, il y a peut-être certains moments où spontanément, nous comprenons que nous avons à mobiliser nos forces intérieures pour nous rendre présent à l’autre : c’est souvent le cas lors d’un deuil dans la communauté, par exemple. Prendre alors un moment ensemble pour faire mémoire tout simplement de la vie de la personne qui est décédée, apporter un objet ou une photo qui parle d’elle, exprimer notre peine et nos larmes, offrir un geste ou une parole qui console : toutes ces choses nous aident à nous poser ensemble, à être présent aux émotions qui nous habitent, et à sortir de notre propre peine pour être présent à ceux et celles qui nous entourent. Dans ces moments de bouleversement intérieur, nous pouvons aussi être plus sensibles à une présence qui transcende notre être, ou plus enclins à reconnaître notre besoin de la présence de Dieu dans ce que nous vivons. 


Mais de même, une fête d’anniversaire bien préparée et célébrée avec soin peut nous aider à ralentir le rythme parfois effréné de nos vies pour nous poser et goûter tout simplement à la joie d’être présent les uns aux autres. Quand nous prenons alors un temps de prière ensemble pour dire merci à Dieu pour la vie, les dons de la personne fêtée, pour les bons (ou mauvais) moments passés ensemble, nous créons un espace-temps qui nous permet d’être attentifs et pleinement présents à ce que nous vivons. 


Propos recueillis par B.H.